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Retour sur les rencontres de l’ISCAE avec la table ronde : “Cinéma, musique, arts plastiques, l’Intelligence Artificielle va-t-elle remplacer les créateurs ?” dans le cadre du Festival Cinéroman de Nice
Pour la 11e édition des Rencontres de l’ISCAE et dans le cadre du Festival Cinéroman pour lequel l’ISCAE est partenaire, la question de l’impact de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine artistique a été abordée. Sous forme de table ronde et devant plus de 150 participants, cinq experts ont échangé leurs points de vue sur l’avenir de la créativité face aux avancées technologiques.
Un consensus : l’IA ne peut pas créer d’émotion humaine
L’originalité de cette rencontre résidait dans le fait que les questions de l’animateur et co-créateur des Rencontres, Bruno Valentin, avaient été partiellement rédigées avec l’aide de ChatGPT.
5 experts et créateurs ont débattu sur le rôle de l’IA sur l’art et son avenir :
- Laurence Vanin, philosophe, essayiste et experte à l’Institut Europ’IA ;
- Laurent Perez del Mar, compositeur de musiques de film ;
- Alexandre Pachulski, auteur et consultant en IA ;
- Martin Provost, réalisateur du film Séraphine ;
- Paulo Correia, metteur en scène et vidéaste.
Avec l’émergence d’algorithmes capables de générer des scénarios, des œuvres d’art ou de composer de la musique, cette question est devenue incontournable pour les créateurs.
Même si Laurent Perez del Mar était plus pondéré, un point sur lequel tous les conférenciers se sont accordés est le suivant : si l’IA peut générer du contenu, elle n’est pas capable de créer des émotions de la même manière qu’un être humain. Cette idée a été brillamment résumée par Martin Provost, qui a déclaré : “L’Homme est le seul à exprimer quelque chose de lui, une émotion et une pensée. Puis à lui donner une forme. Et c’est cela qui fait la création.”
Des perspectives variées sur l’avenir des métiers créatifs
Tour à tour, les conférenciers ont pris la parole sur l’avenir des métiers créatifs en assurant que l’IA ne remplacera jamais le processus créatif, le chemin pour faire une œuvre. Paulo Correia se veut plutôt confiant : “ Mon métier de vidéaste existera toujours, car je passerai toujours de la nouveauté, des émotions différentes.”
Martin Provost, quant à lui, s’est montré pragmatique en soulignant que certains métiers créatifs risquent de disparaître à cause de l’IA, comme les bruitages, le doublage ou la traduction. Il a cependant exprimé une certaine confiance dans le fait que de nouvelles opportunités et façons de voir la création artistique émergeront grâce à l’IA, citant l’exemple de l’actrice Cécile de France, rajeunie par l’IA dans un de ses films.
En revanche, Laurent Perez del Mar, compositeur de musiques de film, a une approche plus nuancée, voire pessimiste. Pour lui, l’IA sera un jour capable de reproduire le processus créatif qui donne des émotions uniques. Il faut alors voir l’IA comme une véritable alliée, voire une collaboratrice et non une menace.
Laurence Vanin a conclu en répétant que l’IA ne fait que générer du contenu en répétition, mais qu’elle n’atteindra jamais le “génie”. Pour elle, comme pour les autres animateurs de cette table ronde, l’effort et le chemin créatif sont essentiels et ne peuvent être remplacés par une machine. L’art ne se réduit pas à une simple production en masse ; la véritable créativité naît souvent de l’ennui et du temps de réflexion.
Enfin, les participants ont constaté que l’approche française vis-à-vis de l’IA est plus mesurée que dans d’autres régions, notamment aux États-Unis. La réglementation et l’éthique européenne offrent une certaine protection aux créateurs.
Ce qu’il faut retenir de la conférence : tous s’accordent pour dire que si l’IA ne remplace jamais complètement le travail humain, elle peut automatiser certaines tâches répétitives ou chronophages, comme le détourage, permettant ainsi aux créateurs de se concentrer sur des aspects plus réfléchis et émotionnels de leur œuvre. Ils ont ainsi fait émerger l’idée d’une possible collaboration entre l’artiste et la technologie.